"Maître, où habites-tu ?" Jn 1,38

2ème dimanche du temps ordinaire de l'année B

Dans cet Évangile, Jean se rappelle sa première rencontre avec Jésus.
Il a vécu auprès de lui par la suite : il s’est habitué à lui, et il a fini par le côtoyer comme si c’était une chose naturelle.
Mais le jour où il écrit son Évangile, il nous livre cette méditation sur cet instant qui a changé sa vie : cet instant où pour la première fois, il a fait la rencontre de celui qu’il appelle le Verbe de Dieu, le Fils unique qui était auprès du Père, et qui, avec d’infinies précautions, avec une humilité infinie, pour ne pas nous faire peur, est entré en contact avec nous.

Si le Fils unique, qui est Dieu comme le Père, est entré en contact avec nous, ce n’était pas pour nous éblouir par sa Puissance divine !
Il nous en a montré juste ce qu’il fallait pour nous faire comprendre ce qu’il était… mais il a surtout été un homme très humain, très tendre avec les faibles, très attentif à chaque personne, très exigeant dans ses appels à la sainteté, et très bienveillant avec tous ceux qui venaient à lui en reconnaissant leur faiblesse.

On pense quelquefois que les discours, où Jésus nous donne son message sont les passages importants de l’Évangile, et que le reste est du remplissage.
En fait, tout est important : les paroles de Jésus, parce qu’il est le Verbe, la Parole de Dieu en personne… et aussi les journées sans histoire, où Jésus a apprivoisé ses disciples, pour qu’ils comprennent qu’ils pouvaient être les amis du Fils de Dieu.

Dès les premiers jours ses disciples ont compris qu’il était le Maître : que sa Parole était la Parole de Dieu.
Il était le Seigneur, mais il ne jouait pas au Seigneur : il ne traitait pas ses disciples comme des serviteurs, il les traitait comme des amis.
Et pour cela sa vie a été simple : il a voulu éviter ce qui aurait pu les tenir à distance, parce que la distance ou la peur est incompatible avec l’amour.

Quand il parlait de Dieu : de l’Être tout puissant, Créateur de tout ce qui existe, il ne l’appelait pas Dieu.
Chose étonnante : dans l’Évangile Jésus ne parle jamais de Dieu en l’appelant Dieu.
Toutes les fois que Jésus parle de Dieu, il l’appelle : "mon Père".
En entendant cela les disciples ont été un peu surpris, et puis, peu à peu, ils se sont dit que Dieu n’était pas si lointain.
Ils ont compris qu’il était un Père parce qu’il est la Source de tout ce qui existe… mais aussi parce qu’il a la tendresse d’un père : parce qu’il est proche comme un père.

Si Jésus a vécu simplement et quotidiennement avec ses disciples, c’était pour être aimé de chacun d’eux comme un frère.
Il fallait qu’il leur dévoile le mystère de sa divinité : de sa filiation éternelle, mais il ne voulait pas que cela les empêche de l’aimer comme un frère.
Lui, le Fils unique, voulait être aimé de ses disciples, comme lui-même les aimait, et c’est pour cela qu’il a voulu entrer dans l’histoire des hommes avec tant de discrétion et de simplicité.

Et Saint Jean, qui a compris tout cela, se rappelle sa première rencontre avec lui : ce jour où il ne savait encore rien de lui, où il l’a suivi, où Jésus a demandé : "Que cherchez-vous ?"
Il a répondu : "Maître, où habites-tu ?"
Jésus a dit : "Venez, et vous verrez."
Il y est allé, et il est resté avec lui, il était quatre heures du soir.
Il y a plus dans ce récit que dans bien des discours : il y a une rencontre.

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