"Celui qui s’abaisse sera élevé." Lc 14,11

22ème dimanche du temps ordinaire de l'année C

Ceux que Jésus appelle les "fils de ténèbres" sont les rusés qui savent s’approprier les premières places en ce monde.
Étant habiles, il savent qu’il faut parfois éviter de se mettre en avant, pour ne pas se faire remettre à sa place !
Il est plus prudent de faire mine de prendre la dernière place, en espérant que le maître de maison viendra vous chercher pour vous donner une place d’honneur.

On connaît l’histoire de l’intendant malhonnête qui a été renvoyé, et qui profite de son temps de préavis pour corrompre les clients de son maître : il les achète en leur faisant des fausses factures. (Luc 16)
Son maître est plein d’admiration pour une telle habileté… ce qui nous surprend.
Mais, Jésus ne dit pas que l’intendant a raison d’utiliser son astuce pour faire le mal : il le qualifie de "fils de ténèbres".
En fait, il regrette que les "fils de lumière" ne soient pas aussi astucieux et inventifs quand il s’agit de faire le bien.
Il regrette que des hommes et des femmes, qui sont si performants au plan professionnel, soient si peu efficaces quand il s’agit de progresser dans la sainteté et de témoigner de leur foi dans leur entourage.

Si les "fils de ténèbres" sont assez malins pour prendre une dernière place en espérant une promotion : s’ils sont capables de renoncer à une satisfaction immédiate en vue d’un bonheur plus grand… on peut se demander comment les "fils de lumière" peuvent être aussi superficiels : avoir un comportement qui tienne aussi peu compte de leur destinée éternelle ?

"Celui qui s’abaisse sera élevé."
Il ne s’agit pas de s’abaisser pour s’abaisser. Dieu ne prend pas plaisir à nous voir humiliés !
Il s’agit de se faire serviteur : ce qui suppose qu’on sache avaler toutes sortes de couleuvres, avec le sourire !
Il s’agit d’être prêts à faire tout ce qu’exige le service de l’Évangile et le service de ces frères et sœurs que nous voulons conduire vers le Christ.

Celui qui s’abaisse sera élevé. Ce n’est pas une exigence arbitraire : Dieu nous dit simplement les exigences de l’amour.
Aimer, c’est vouloir du bien, faire du bien, se donner, donner sa vie.
Si on a choisi le pouvoir et si toute notre vie est organisée pour nous faire servir, il sera difficile d’aimer véritablement.
Plus on sera proche de la dernière place, plus ce sera facile, et plus notre vie aura de chances d’être une réussite au regard de Dieu.

Faut-il en conclure que si nous sommes dans une situation sociale importante, tout est perdu !
Sirac le Sage (3,18) ne dit pas cela… il dit : "Plus tu es grand, plus il faut t’abaisser, et tu trouveras grâce devant Dieu."
Tout n’est pas perdu… mais les choses sont plus difficiles !

Jésus précise bien la raison de cet abaissement : c’est le service.
"Celui parmi vous qui détient le pouvoir, qu’il soit comme celui qui sert." (Luc 22,26)
Plus on détient de pouvoir, plus il est urgent de comprendre qu’il nous est donné pour servir : c’est ce qui donne sens au pouvoir.
Saint Paul disait aux Galates : "Mettez-vous, par amour, au service les uns des autres." (Gal. 5,13)
Ce que l'Évangile nous demande, c’est de ne pas profiter d’une situation qui nous donne un avantage, c’est d’avoir le désir de servir. Et s’il nous arrive d’être dans une situation avantageuse, d’en profiter pour mieux servir.

Retour aux archives