"Lui qui était de condition divine, il a choisi la condition de serviteur." Ph 2,6-11

Dimanche des Rameaux de l'année A

Le chapitre 2 de la lettre aux philippiens est un des passages les plus poétiques,et en même temps les plus denses, du Nouveau Testament.
C’est une méditation de Saint Paul sur le mystère du Christ : "Lui qui était de condition divine, il a choisi la condition de serviteur."
Lui qui avait "le droit d’être traité à l’égal de Dieu" n’a pas voulu de la gloire qui vient des hommes.

Le fait qu’il ait pu révéler sa nature divine tout en menant une existence terrestre aussi simple, aussi discrète et aussi pauvre, est un des aspects les plus étonnants de l’Evangile.
Le moment le plus glorieux de sa vie terrestre, c’est ce jour des rameaux…c’est un triomphe d’autant plus modeste que Jésus entre à Jérusalem pour faire le sacrifice de sa vie.

Depuis quelque temps déjà, il se préparait à ce sacrifice : il l’avait annoncé à ses proches, et c’est dans ces dispositions spirituelles qu’il se laisse acclamer par la foule de ses disciples.
Le poids immense du péché des hommes, qui l’écrasera au moment de l’agonie au jardin de Gethsémani, occupe déjà son esprit.
Il sait bien que cette entrée trop bruyante dans la ville sainte suscitera la haine des notables d’Israël et qu’elle sera le point de départ des événements de la Passion.

"Devenu semblable aux hommes, écrit St Paul, et reconnu comme un homme il s’est abaissé lui-même"…
Cette insistance sur l’humanité du Fils de Dieu montre bien que l’essentiel de son abaissement était d’avoir adopté notre condition humaine.
Mais il est allé plus loin encore : "il s’est abaissé… devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix."

Celui qui était, de toute éternité, le Fils de Dieu, s’est fait homme. C’est d’abord en cela qu’il s’est abaissé !
Dans notre vanité, nous oublions que son incarnation est un abaissement :que c’est le signe de l’immense tendresse de Dieu, le signe de sa volonté de tout faire et de tout donner pour nous délivrer du péché.
Et en subissant l’humiliation et la souffrance de la croix, le Fils de Dieu nous oblige à remonter aux sources de ce mystère de l’incarnation,à comprendre que le signe de l’amour de Dieu c’est d’abord sa venue parmi nous,sa présenceà un moment de notre histoire.

Les sentiments de Jésus Christ pour les hommes et les femmes qu’il a rencontrés sont la révélation des sentiments de Dieu.
Sa patience, sa disponibilité envers les puissants comme envers les plus humbles, sont le reflet exact de l’attitude de Dieu vis-à-vis de chacun d’entre nous… c’est pourquoi aucune personne ne lui est indifférente.

Quand il pardonne, il nous révèle à quel point Dieu aime pardonner.
Quand il nous supplie de ne pas nous endurcir dans le péché, de ne pas nous aveugler et nous justifier nous-mêmes, il nous révèle que le seul obstacle au pardon ne vient pas de Dieu, mais de nous.

Pour secouer notre tiédeur et notre insensibilité, il est prêt à faire tout ce qu’un homme peut faire.
Pour manifester sa bienveillance et sa volonté de pardon, il est prêt à aller jusqu’au bout de l’humiliation et du don de soi.
L’Eglise nous invite à relire et méditer le récit des événements de la passion, qui ont été le plus puissant appel à la conversion et à la sainteté dont les hommes aient été les témoins.

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