"Veillez" Mc 13,37

1er dimanche de l'Avent de l'année B

Veiller, c’est ne pas vivre dans le court terme, mais dans la perspective de notre destinée tout entière : non pas seulement dans la pensée de cet instant qui sera le dernier de notre vie sur Terre, mais dans l’attention à ce qui donne sens à notre vie à chaque instant.
De ce fait, notre perspective ne sera plus celle de la semaine à venir, ni de l’année à venir, ni même celle de notre vie en ce monde, mais celle de notre destinée totale.
Veiller, c’est entrer dans une perspective qui est celle de Dieu, parce que l’horizon de Dieu, c’est la vie éternelle, et tout ce qui, quotidiennement, nous fait entrer dans cette vie éternelle.

En disant : "Veillez car vous ne savez pas quand viendra le moment" (Mc 13,33), Jésus ne veut pas nous faire vivre dans l’inquiétude : ce n’est pas l’inquiétude ou la mauvaise conscience qui peuvent engendrer la fidélité à l’Évangile et la fidélité à la prière.
Il nous propose un éveil qui fait l’unité de notre vie. Ainsi, notre existence chaotique et dispersée retrouve une signification.
L’état de veille qu’il nous propose nous fait peur : on préfère ne pas penser à notre destinée et se contenter du quotidien. Mais, dans cet état de dispersion, nous ne trouvons pas ce qui peut apaiser notre cœur.
En fait, cet éveil auquel il nous invite n’est pas un esclavage : il veut au contraire, nous libérer de la peur.

La fidélité à l’Évangile et la fidélité à la prière naissent de l’amour du Christ : "Si quelqu’un m’aime, il observera ma parole." (Jn 14,23) Elles sont une réponse à l’amour du Christ, qui nous a aimés le premier.
"En lui, écrit saint Paul, vous avez reçu toutes les richesses, toutes celles de la Parole et toutes celles de la connaissance de Dieu." (I Cor. 1,5)
Dieu n’a pas voulu avoir de secret pour nous : il nous a livré tous les trésors de sa Parole.
Saint Paul nous dit ce pour quoi Dieu nous a faits, et ce pour quoi il nous a parlé : pour faire la rencontre de son Fils et demeurer en lui.
C’est le projet de Dieu : "lui qui vous appelés à vivre en communion avec son Fils, Jésus Christ notre Seigneur." (I Cor. 1,9)

Le Fils unique est venu comme un frère et comme un ami. Le connaissons-nous vraiment comme nous connaissons un ami ?
Nous croyons en lui et nous le prions, mais en restant distants.
L’adoration est un chemin spirituel pour vraiment s’approcher de lui : pour apprendre à le connaître et à l’aimer.
S’il s’est fait si proche, par son incarnation, et par l’Eucharistie qui prolonge sa présence, c’est pour que l’amour intense dont il nous aime ne reste pas sans réponse. "Veillez donc et priez en tout temps." (Lc 21,36)

L’adoration n’est pas une fuite, c’est la source de tout apostolat.
Être apôtre, ce n’est pas se mettre en avant, c’est mettre en avant le message de l’Évangile, à temps et à contretemps. Être missionnaire, ce n’est pas faire des disciples, c’est donner des disciples au Christ : accompagner des frères et des sœurs vers la rencontre du Christ.
Mais pour les accompagner, il faut connaître le chemin : il faut l’avoir rencontré et le connaître comme on connaît un ami.

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Publié le 2011-11-27