"Celui à qui on pardonne peu montre peu d’amour. " Luc 7,47

11ème dimanche du temps ordinaire de l'année C

Jésus ne dit pas aux pécheurs qu’ils doivent continuer à pécher, mais on a l’impression que ceux qui n’ont pas beaucoup péché ne sont pas capables de beaucoup d’amour. Ce n’est pas le cas… mais celui qui comprend à quel point Dieu aime pardonner peut répondre à cet immense amour.

Le roi David, qui avait plusieurs épouses, est tombé amoureux d’une femme très belle, Bethsabée, qui était mariée à un officier de son armée : Urias le Hittite. Profitant de l’absence d’Urias, David la fait venir chez lui et, après quelque temps, elle se trouve enceinte du roi.
Pour faire croire à Urias que cet enfant est de lui, David le fait venir à Jérusalem en espérant qu’il rendra visite à Bethsabée. Mais Urias a des principes, et il ne veut pas revoir sa femme tant qu’il est en service.
Le mensonge de David, qui s’enfonce dans le péché, n’aboutit à rien.

David ne voit qu’une solution : faire mourir Urias et épouser Bethsabée.
Il confie à Urias une lettre pour Joab qui est à la tête de l’armée.
Cette lettre demande à Joab de faire en sorte qu’Urias se fasse tuer au combat : "Mettez Urias en première ligne, au plus fort de la bataille. Puis, vous reculerez derrière lui. Il sera atteint et il mourra." (II Sam. 11,15)
David savait qu’Urias ne lirait pas la lettre, il savait qu’il était prêt à risquer sa vie pour lui, et il s’est arrangé pour le faire tuer. On peut difficilement imaginer un péché plus monstrueux.

Les choses se sont passées comme prévu. Tout allait bien pour David : Bethsabée est devenue sa femme, et tout le monde avait oublié Urias.
Tout le monde sauf le prophète Natan. Il arrive un matin dans le palais de David et lui raconte une histoire de brebis : un pauvre homme n’avait qu’une brebis ; il l’aimait, il l’appelait par son nom et elle mangeait dans sa main. Dans son village, un riche propriétaire avait des troupeaux de moutons et de bœufs. Un jour, ayant invité des amis pour un repas, au lieu de leur servir un de ses moutons, il a pris et il a tué la brebis du pauvre.
En entendant cette histoire, David bondit : "L’homme qui a fait cela mérite la mort." Natan répond à David : "Cet homme, c’est toi." (II Sam. 12,5-7)
Il fallait du courage. David aurait pu estimer que Natan se moquait de lui. À l’époque, il n’y avait pas de guignols de l’info, et celui qui se moquait du roi risquait sa vie. Mais Natan était un vrai prophète : il n’avait pas peur de parler au nom de Dieu.

Alors David prend conscience de la gravité de son péché. Il dit : "J’ai péché contre le Seigneur." Natan lui répond : "Le Seigneur a pardonné ton péché." (II Sam. 12,13)
Il est probable que David n’avait pas la conscience tranquille, mais il s’efforçait de ne pas y penser. Il était prêt à tout pour Bethsabée.
Même si Dieu avait le désir de pardonner, il ne le pouvait pas tant que David n’avait pas le désir d’être pardonné.
David ne voulait rien voir ni rien entendre. Mais Natan lui a ouvert les yeux : il a pris conscience de son péché et s’est ouvert au pardon de Dieu.

L’Évangile est un peu différent : Simon le Pharisien n’a pas fait de grand péché. Son problème, c’est qu’il croit ne pas avoir besoin de pardon. Il pense avoir droit à la vie éternelle.
En fait, sa situation est pire que celle de David ou de la femme pécheresse.
Il n’a peut-être pas autant péché, mais s’il pense ne pas faire partie des pécheurs, il se ferme au pardon de Dieu.
La femme a beaucoup péché, mais elle tombe aux pieds du Seigneur et elle regrette de tout son cœur.
Le seul obstacle au pardon ne vient pas de Dieu, il vient de notre fermeture au pardon : le danger ne vient pas de Dieu, il vient de nous.

Retour aux archives