"Vous ne faites plus qu’un dans le Christ Jésus." Gal. 3,28

12ème dimanche du temps ordinaire de l'année C

Saint Paul a fondé des communautés chrétiennes dans toute l’Asie mineure et la Grèce. S’il a pu accomplir une telle mission en moins de 20 ans, c’est parce que les communautés juives de la Diaspora étaient installées dans les grandes villes où elles avaient des synagogues ; et quand Paul, élève de Gamaliel, se présentait, on lui donnait la parole.
D’autre part, quand il leur parlait du Messie, il répondait à une attente, non seulement de la part des fils d’Israël, mais aussi de la part des Grecs et des Romains qui fréquentaient les synagogues.

Cependant le ministère de Paul ne s’est pas limité à des populations urbaines et instruites de la Bible. Dans la région d’Ankara, il a évangélisé des tribus gauloises, qu’on appelait les "Galates", et c’est à eux qu’il adresse ce message étonnant : "Si vous appartenez au Christ, c’est vous qui êtes la descendance d’Abraham ; et l’héritage que Dieu lui a promis, c’est à vous qu’il revient." (Gal. 3,29)
Comment Paul, qui est Juif et docteur de la Loi, peut-il dire à des barbares : "C’est vous qui êtes la descendance d’Abraham."
Dieu avait promis à Abraham une descendance aussi nombreuse que le sable de la mer et les étoiles dans le ciel, ce qui laissait entendre qu’elle ne serait pas limitée au peuple d’Israël.
Pierre avait dit à Jésus : "Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant." (Mt 16,16). Et Paul a compris que si le Fils de Dieu s’est fait proche des hommes et s’il a voulu partager avec eux sa condition de Fils, il n’est pas venu dans ce monde seulement pour le peuple d’Israël.
C’est pourquoi il peut dire à une tribu gauloise d’Asie Mineure, qui n’avait jamais entendu parler ni d’Abraham ni du peuple de Dieu : "Si vous appartenez au Christ, c’est vous qui êtes la descendance d’Abraham."

Paul explique qu’Abraham a eu la foi : alors que sa femme n’était plus en âge d’avoir des enfants, il a cru en la promesse de Dieu.
L’important, ce n’est pas la descendance charnelle, mais la foi.
C’est pourquoi Paul écrit aux Galates : "Frères, en Jésus Christ, vous êtes tous fils de Dieu par la foi." (Gal. 3,26)
L’important, ce n’est pas la circoncision qui marque l’appartenance au peuple d’Israël, mais le Baptême qui nous incorpore au Christ.
C’est pourquoi il ajoute : "Vous tous que le Baptême a unis au Christ, vous avez revêtu le Christ." (Gal. 3,27)

C’est ce que saint Paul appelle "le mystère", c’est-à-dire la révélation par excellence du Nouveau Testament.
Ce "mystère", c’est que "Dieu nous a prédestinés à être pour lui des fils (adoptifs) par Jésus Christ." (Éph. 1,5)
Dans la lettre aux Éphésiens, il va jusqu’à dire que l’Église est la "Plénitude du Christ" (Éph. 1,22-23). D’une certaine façon, Jésus, sans l’Église, ne serait pas la plénitude du Christ. Si "le Verbe s’est fait chair" (Jn 1,14), ce n’est pas pour être le seul homme qui soit Fils de Dieu ; c’est pour que nous devenions fils de Dieu avec lui : "À ceux qui l’ont reçu, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu." (Jn 1,12) Cela résume tout le message du Nouveau Testament.

C’est pourquoi saint Paul peut dire aux Galates : "Il n’y a plus ni Juif ni païen, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus l’homme ni la femme, car tous, vous ne faites plus qu’un dans le Christ Jésus." (Gal. 3,28)
Avant sa conversion Paul estimait qu’il n’y avait rien de comparable entre un Juif, membre du peuple de Dieu et appelé au salut, et tous les peuples païens appelés à la perdition.
Désormais, il a compris qu’il n’y a plus ni Juif ni païen : tous sont fils de Dieu avec le Christ et dans le Christ.
Et, naturellement, le signe qui manifeste au monde notre condition de fils de Dieu, c’est l’unité et l’amour fraternel qui doit exister entre nous.

Retour aux archives