Dieu ne refuse jamais son pardon

Vendredi Saint de l'année B

La lettre aux Hébreux a un style assez particulier… et sans un être un spécialiste, on peut voir que ce n’est pas le style de saint Paul.
On ne connaît pas le nom de l’auteur… mais c’est un auteur inspiré… son message est une Parole de Dieu.
Le fait que cet auteur soit différent de saint Paul n’a rien d’embarrassant… bien au contraire… puisqu’on trouve le même message et la même foi que dans l’Evangile et chez saint Paul… mais avec une culture et même une théologie différentes… cela montre que des gens très différents avaient la même foi.
Les destinataires sont particuliers… la lettre est adressée à des “Hébreux”… certainement à des prêtres juifs du Temple de Jérusalem… dans les années 70… à une époque où un nombre important d’entre eux étaient devenus chrétiens.

Ils faisaient partie de ce qu’on appelait les judéo-chrétiens… pour eux, le judaïsme et le christianisme n’étaient pas deux religions différentes.
Ils croyaient en Jésus Christ et pratiquaient les Sacrements… et en même temps, observaient les prescriptions du judaïsme, pratiquaient la circoncision et participaient à la liturgie du Temple.

Toute leur vie est centrée sur le Temple de Jérusalem… ce qui explique des comparaisons qui nous semblent un peu étranges :
Le ciel est comparé à un Sanctuaire qui serait vraiment le lieu de la présence de Dieu… bien mieux que le Temple terrestre.
Jésus est comparé au grand prêtre. Dans le Temple le grand prêtre est celui qui s’approchait de Dieu… une fois par an… dans le Saint des Saints… et il priait pour tout le peuple… une prière inefficace, dit la lettre aux Hébreux… parce que lui-même était pécheur !

En quel sens Jésus est-il le “grand prêtre” de la Nouvelle Alliance ?
Parce que, lui, est vraiment proche de Dieu… il n’y a aucune distance entre Dieu et lui… et, en même temps, il est proche de nous.
Il est beaucoup mieux qu’un médiateur entre Dieu et les hommes… puisqu’il est Dieu et homme… et donc, être en contact avec Jésus de Nazareth, c’est être en contact avec Dieu.

Alors que le grand prêtre était incapable d’obtenir le pardon des péchés, on nous explique que la prière de Jésus a été d’une efficacité totale :
“Il a présenté avec un grand cri et dans les larmes sa prière et sa supplication à Dieu… et il a été exaucé.”
Tout cela nous semble évident… mais pour des gens qui étaient encore attachés à la liturgie du Temple, il n’était pas facile de comprendre que la prière et le sacrifice de Jésus remplaçaient et supplantaient toutes les réalités de l’Ancien Testament.

Dans l’Ancien Testament : aucun sacrifice ne pouvait remettre un péché grave et délibéré… On n’avait pas non plus une idée très précise sur la nature de la vie éternelle.

Le Nouveau Testament est la révélation d’une vie éternelle qui est une communion à la vie divine.
Mais, en même temps, que ce soit dans l’Évangile comme dans la lettre aux Hébreux, cette révélation est celle d’une enjeu dramatique… c’est une révélation sur la nature de la liberté humaine… sur la portée décisive et éternelle que peuvent avoir certains de nos choix.

La vie éternelle que Dieu veut pour nous est une communion à la vie des trois personnes divines… et une telle révélation dépasse toute espérance humaine.
Mais, en même temps, les hommes sont capables de se fermer à cette vie, ce qui constitue un échec grave et douloureux de leur destinée éternelle.

Certains passages de l’Ancien Testament pouvaient donner l’impression que Dieu refusait de pardonner.
Pour la lettre aux Hébreux, le refus ne vient jamais de Dieu… mais de l’homme.
Le seul drame… la seule chose vraiment grave dans une existence humaine : c’est le refus de se convertir :
“Veillez à ne pas refuser d’entendre celui qui vous parle !” (Hé.12,25)

L’homme est capable de s’endurcir dans le péché et de mépriser le pardon de Dieu… il est capable d’un refus définitif.
Mais Dieu ne refuse jamais son pardon… ce pardon reste offert à tout homme, quel que soit son péché.
Le fils de l’homme n’est pas venu pour des gens parfaits : il n’y en a pas… il est venu pour des pécheurs… ce qui explique le message de confiance… dans le texte qu’on vient de lire (Hé. 4,15-16) :
“Nous avons un grand prêtre qui compatit à nos faiblesses… avançons donc avec pleine assurance vers le trône de la grâce, afin d’obtenir miséricorde et de trouver grâce.”

On peut donc parler d’une assurance d’obtenir miséricorde… ce qui est un enseignement nouveau pour les prêtres juifs auxquels s’adresse la lettre.
Cet enseignement est aussi dans l’Évangile… en particulier dans le récit de la Passion de Jésus… un enseignement qui nous est donné… non pas dans des paroles… mais dans tout ce que le Fils de Dieu a vécu et a subi pour ses frères les hommes.

Le Christ a vraiment souffert… il a connu une immense angoisse… jusqu’à dire : «Mon Père, pourquoi m’as-tu abandonné ?»
La gravité de ses souffrances nous révèle la gravité du péché… mais sa passion, en même temps, nous révèle l’immensité de la tendresse divine… la tendresse du Père qui nous a donné son Fils… et celle du Fils qui a donné tout ce qu’un homme pouvait donner pour nous sauver… et nous ayant sauvés… nous faire partager sa condition de Fils de Dieu.

Il y a des perles dans la lettre aux Hébreux… en particulier ce passage du chapitre 2 qui nous dit le projet de Dieu… son projet, c’est de «conduire à la gloire un grand nombre de fils.» (2, 10)
Il ajoute que Jésus, qui a donné sa vie pour nous, «ne rougit pas de nous appeler ses frères.» (2, 11)

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