Ce que Dieu a uni

27ème dimanche du temps ordinaire de l'année B

On vient de lire les deux plus beaux textes de la Bible sur le Mariage.
On voit dans cet Evangile que Jésus a un message tout à fait clair sur les exigences du mariage… il n’existe pas de cas où des gens mariés puissent se séparer et se marier de nouveau.
Tant que vit celui ou celle qu’on a épousé devant Dieu et devant les hommes… on ne peut considérer personne d’autre comme un époux ou une épouse légitime.

On entend dire parfois que l’Eglise est trop sévère… et qu’elle devrait montrer davantage de miséricorde dans les cas difficiles.
Il est vrai qu’il faut montrer toute la miséricorde possible… mais, en même temps, l’Eglise n’est pas propriétaire du message de l’Evangile… elle en est dépositaire : sa mission est de le transmettre fidèlement.

Ce message n’est d’ailleurs pas une étrangeté… on sait qu’il est contesté dans la société contemporaine… mais il est également vécu comme allant de soi par bien des hommes et des femmes qui n’ont jamais entendu parler de l’Evangile.

C’est un message exigeant… mais Jésus ne le donne pas pour nous accabler… on peut dire, au contraire, qu’il nous dévoile un trésor… il nous révèle la grâce de Dieu qui est attachée à la vie commune des époux et de leurs enfants.
Il ne faut pas oublier que cette communauté humaine qu’on appelle la famille est la seule qui résulte d’un Sacrement… ou pour mieux dire : la seule communauté humaine qui soit, en quelque sorte, un Sacrement.

On vient de voir que la révélation du projet de Dieu sur cette communauté familiale ne se trouve pas seulement dans l’Evangile… on la trouve aussi dans la 1° lecture qui est l’un des deux récits de la Création au début du livre de la Genèse.
On sait que ces récits sont imagés et symboliques… mais on sait également que ces images ont un sens… elles contiennent un message qui est une Parole de Dieu… d’ailleurs ce message est précisé très clairement :
“A cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un.”

En lisant ces lignes on peut supposer que l’auteur inspiré (le prophète) qui les a écrites des siècles avant Jésus Christ… n’avait qu’une femme (ce qui n’était pas toujours le cas à cette époque)… et on voit, de toute évidence, qu’il l’aimait… pour elle, il a quitté les siens… il s’est attaché à elle… et il a le sentiment de ne faire plus qu’un avec elle !

Notez bien que ce n’est pas un hasard si ce texte sur le mariage fait partie d’un récit de la création du monde.
Cela laisse entendre qu’un couple ou une famille… ce n’est pas une association parmi d’autres… c’est un projet du Créateur de l’univers… c’est une des ces réalités qui donne sens à une destinée humaine.
C’était suggéré dans l’Ancien Testament… cela devient explicite dans l’Évangile.
Jésus cite ce passage du livre de la Genèse… Il n’est pas si fréquent que Jésus fasse une citation aussi longue de l’Ancien Testament… et il ajoute cette parole qui est nouvelle :
“Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas.”
L’unité des époux n’est pas seulement un projet de Dieu… c’est un cadeau de Dieu… c’est lui qui réalise cette unité.

Dans ce message, on retient généralement l’impossibilité de se séparer… et c’est un point important… mais il n’y a pas que cela… il y a aussi, dans cette parole, la révélation de la grâce du mariage.
Dans le mariage, comme dans chaque Sacrement, c’est Dieu qui intervient … qui est présent et agissant… et ce qu’il donne aux époux et à leurs enfants, c’est la grâce de l’unité.
Ce qu’il veut pour eux… et ce qu’il leur donne… c’est le pouvoir d’être unis dans l’amour mutuel.

Je crois que cette journée des familles est une occasion de prier… de prier pour ceux et celles qui ont subi un divorce contre leur gré… c’est aussi, pour beaucoup d’entre vous, une occasion de remercier pour ce don de Dieu dont vous faites l’expérience.
Toutes les familles ont parfois à traverser des tempêtes… mais dans la mesure où elles font aussi cette expérience de l’unité comme un don de Dieu… elles ne doivent pas oublier de le remercier.
Cette Messe est une occasion de remercier pour le bonheur… et pour l’expérience de l’amour que vous faites dans vos famille… comme parent ou comme enfant… comme conjoint… comme grand parent.

Les relations dans une famille normale sont faites d’amour mutuel.
C’est dans la famille que la plupart des hommes font l’expérience de l’amour la plus profonde et la plus vraie.
Il y a peu de chances que, dans le cadre scolaire ou dans la vie professionnelle, ils soient aimés comme ils l’ont été dans leur famille.
S’ils font bien leur travail, leur patron les aimera… mais il ne les aimera jamais comme leur père ou leur mère les a aimés.
Ils ne retrouveront cette qualité d’amour et cette intensité… que le jour où eux-mêmes fonderont une famille

Jésus nous a aimés jusqu’à donner sa vie… et c’est aussi ce qu’il nous demande… c’est son commandement nouveau :
“Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés.”

La formule n’a rien d’excessif ! Pour des parents, aimer ses enfants, c’est être prêts à tout donner pour eux… et s’il le fallait, à donner sa vie !
Les enfants, en tout cas, n’en doutent pas une seconde !
Si vous leur racontez, par exemple, une histoire de pêche à la ligne : un garçon est allé à la pêche avec son papa… et voilà qu’il tombe de la barque dans l’eau glacée.
Demandez à des enfants si leur papa va hésiter… est-ce qu’il va dire «J’y vais-ti, j’y vais-ti pas ? est-ce qu’il va tâter la température de l’eau avant de se lancer ?
Les enfants vous diront : “Mais non… pas du tout… il va plonger !”
Ça leur semble évident !

Aimer jusqu’au don de soi n’est donc pas une expérience exceptionnelle… c’est l’expérience que font la plupart des parents… quelles que soient leurs opinions ou leur appartenance religieuse.

Et Jésus ajoute ceci… que les époux sont également appelés à tout donner l’un pour l’autre.
Quand on a un fils, c’est pour la vie… l’amour qu’on porte à ses enfants n’a pas de limite dans le temps… l’amour des époux, c’est pareil… il est fait pour durer jusqu’au terme de leur vie.

Et vous pouvez remarquer que ce projet de Dieu… ce regard de Dieu sur les époux… c’est aussi le regard des enfants… ils n’imaginent pas leurs parents séparés.
Quand ils entrent à l’école maternelle pour la première fois, leur grande surprise… et leur grande inquiétude… est de découvrir que beaucoup d’enfants ont des parents qui sont séparés.
La chose qu’ils attendent et dont ils ont besoin avant tout… ce sont des parents qui les aiment… et qui s’aiment mutuellement.

Eh bien, la grâce du Mariage, ce n’est pas autre chose… c’est l’unité du couple… “Ce que Dieu a uni…” dit Jésus.
Naturellement, l’action de Dieu ne détruit jamais la liberté… et l’homme a toujours la liberté de se fermer aux dons de Dieu !
Mais ce don de l’unité, Dieu ne le fait pas uniquement le jour du Mariage… il le fait aux époux chaque jour de leur vie commune.
Je suppose que beaucoup parmi vous font l’expérience de ce don reçu au quotidien.

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