Transfiguration : Jésus, nouveau Moïse

2ème dimanche de Carême de l'année C

Ce jour là, Jésus apparaît dans sa gloire divine… ce n’était pas habituel : pendant tout le reste de sa vie parmi les hommes, il a plutôt évité tout ce qui pourrait faire peur… tout ce qui aurait pu le rendre distant.
Il a voulu se rendre proche… il a tout fait pour être accessible.

Mais ce jour là, avant d’annoncer ses souffrances et sa mort, il a voulu montrer, à ses disciples, son vrai visage… il a voulu manifester sa condition divine.

Avec Jésus, apparaissent Moïse et Elie… qui sont les deux plus grands prophètes de l’Ancien Testament.
Un prophète : c’est celui qui transmet la Parole de Dieu… et Moïse était le prophète par excellence : c’est lui qui a transmis les Commandements… qui étaient l’essentiel de la Parole de Dieu.

En fait, ce récit de la Transfiguration nous présente Jésus comme le “Nouveau Moïse”… c’est une idée qui revient souvent dans les Évangiles… On n’y fait pas très attention… mais c’était important pour les premiers chrétiens qui étaient presque tous des Juifs.
Il y a plusieurs détails qui montrent que Jésus est un “Nouveau Moïse” :

1) D’abord, Jésus va sur une “montagne”… qui fait penser au mont Sinaï… c’est-à-dire à la “Montagne de Dieu” où Moïse avait reçu les Commandements.
Vous voyez pourquoi l’Evangile nous précise que Moïse est là, avec Jésus… mais aussi Elie… Vous savez que le prophète Elie est le seul personnage de l’Ancien Testament qui soit retourné sur la montagne du Sinaï… et, là, sur la Montagne, Dieu lui avait parlé, comme à Moïse.

2) Ensuite, le visage de Jésus est illuminé… comme autrefois celui de Moïse sur le Sinaï… c’est dans le chapitre 34 du livre de l’Exode : «Quand les fils d’Israël virent Moïse, voila que son visage était illuminé, et ils eurent peur de s’avancer vers lui.» (Ex. 34,30).

3) Mais les Juifs connaissaient surtout une parole de Moïse, dans le livre du Deutéronome, qui disait : «Dieu suscitera un prophète comme moi : c’est lui que vous écouterez.» (Dt. 18,15)
Et là, dans cet Évangile, on entend la voix de Dieu qui dit : “Celui-ci est mon Fils… écoutez-le.”

Vous voyez comment l’Evangile nous présente Jésus comme un “Nouveau Moïse”… et pour un Juif, il n’y avait rien de plus grand que Moïse… à part Dieu !… Mais, avec la Transfiguration, on n’est plus dans l’Ancien Testament… on est dans l’Evangile… et la nouveauté, c’est que Jésus est bien plus grand que Moïse.

“Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi, écoutez-le.”
Dieu n’avait jamais dit une chose pareille à propos d’un homme… Jésus est beaucoup plus que tous les prophètes !

Et il y a une différence qui a dû frapper les premiers chrétiens :
Sur la montagne, Dieu avait donné tous ses Commandements à Moïse… mais ici, sur la montagne de la transfiguration, Dieu ne donne pas une liste de Commandements à Jésus… il n’entre pas dans les détails !
Il dit : «Ecoutez-le !»… et rien de plus !
Jésus n’a pas besoin qu’on lui explique… il est “la Parole de Dieu.”

Autre détail : Dieu n’apparaît pas à Jésus comme il était apparu à Moïse… c’est très différent… en fait, c’est Jésus lui-même qui “apparaît” aux Apôtres dans sa gloire divine !

Et vous comprenez le message : c’est que Jésus de Nazareth doit être adoré comme Dieu.
Ce qui rejoint l’autre message : «Ecoutez-le !»… Chacune de ses paroles est une Parole de Dieu.
Il ne faut pas prendre ses distances par rapport au message de Jésus… il faut se laisser convertir par sa parole.

Et le Carême est justement un temps pour se convertir.
C’est un temps de conversion ou de pénitence.
Il faut donc se poser la question : «Qu’est-ce que la pénitence ?»
Est-ce qu’il faut inventer des choses pour se faire du mal ?
Il est vrai qu’il nous arrive souvent d’être esclave de nos caprices… et qu’on aurait plutôt tendance à ne se priver de rien !
Il est évident qu’on ne peut pas être chrétien sans une certaine maîtrise de soi… Mais est-ce qu’on fait plaisir à Dieu en se faisant du mal ?

Regardez Jésus… il ne se fait pas du mal pour se faire du mal !
Par contre il évite le péché quel que soit le prix à payer.
La vraie pénitence : c’est mettre en pratique l’Evangile… quel qu’en soit le prix !
La vraie pénitence : c’est pratiquer les vertus chrétiennes (ou évangéliques) quelles que soient les circonstances… quand c’est épanouissant (c’est souvent le cas)… mais aussi quand c’est crucifiant.
Vous me direz : “C’est dur !”… mais si vous me demandez ce que signifie “faire pénitence”… c’est d’abord cela !

Se priver de chocolat pendant le Carême… mais vivre en concubinage… excusez-moi… mais c’est nul !
Se priver de cinéma ou de télévision… mais pratiquer la fraude et le mensonge… cela ne vaut rien !
Sacrifier je ne sais pas quoi… mais être une mauvaise langue… cela veut dire qu’on n’a rien compris à l’Évangile.
La vraie pénitence : c’est vivre dans la pureté, la droiture, et la bienveillance… quel qu’en soit le prix.

Et plus que tout : la vraie pénitence… c’est celle qui consiste à aimer !
Aimer : c’est la chose la plus heureuse et la plus épanouissante !
Mais si on aime seulement quand c’est épanouissant… on ne fait rien de plus que “les publicains et les pécheurs” !
L’amour doit rester fidèle… il faut aimer même quand c’est un don de soi… et un sacrifice de soi !

Jésus n’inventait pas des pénitences pour le plaisir… il ne se faisait pas mal exprès… mais il a aimé jusqu’au sacrifice de soi.
Si nous voulons savoir ce que signifie “faire pénitence”… prenons notre Evangile… et regardons la personne du Christ… regardons le vivre… pour marcher à sa suite… même si, parfois, c’est une croix à porter.

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