Les trois formes de l’attente du Messie

1er dimanche de l'Avent de l'année A

Ce dimanche est le premier dimanche de l’Avent.
Comme vous le savez, le mot «Avent» veut dire «la venue».
C’est le temps de l’attente… l’attente de la venue du Seigneur.
Mais cette attente, dans les lectures que nous allons faire pendant ces quatre semaines, prend des formes différentes.

Vous me direz que l’Avent c’est, avant tout, l’attente de Noël… parce que Noël c’est la venue de Dieu… Dieu qui entre dans notre histoire de la façon le plus surprenante qui soit.
Personne ne s’attendait à ce qu’il vienne sous la forme d’un enfant pauvre, né dans une bergerie.
Pour nous l’effet de surprise est passé… et cette naissance est devenue l’essentiel de notre joie et de notre attente.

Mais l’Avent, c’est aussi l’attente du retour du Messie… comme on le voit dans l’Évangile de ce premier dimanche :
«Tenez-vous donc prêts vous-aussi : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra.» (Mt 24,44)

Mais, dans les Évangiles qu’on lit pendant le temps de l’Avent, cette attente prend également une troisième forme… c’est l’attente de la première manifestation de Jésus au moment où il quitte son métier d’artisan et son village de Nazareth… et qu’il sort de l’anonymat pour annoncer la Bonne Nouvelle.
C’est pourquoi les textes de l’Avent donnent une grande place à Jean Baptiste… c’est lui qui a préparé les coeurs de ses contemporains à reconnaître et à accueillir le Messie.

Jean voyait bien que son Peuple n’était pas prêt !
Pour cette venue ou cette manifestation du Messie… les Juifs s’attendaient à tout… mais pas à Jésus de Nazareth… un artisan, menuisier-forgeron, venu d’un trou perdu de Galilée.
Jean était là pour les préparer à cette venue… les rendre attentifs et réceptifs… leur ouvrir les yeux pour reconnaître, en Jésus, le Sauveur du monde… et le reconnaître comme présent au milieu d’eux.

Et ne croyez pas que la mission de Jean Baptiste appartienne au passé… il n’y a rien de plus actuel !
Cette mission, qui consiste à manifester la présence de Jésus de Nazareth, c’est la mission de l’Église.
Cette présence est loin d’être évidente pour tous… et je ne parle pas seulement des non-croyants !
Même parmi ceux qui ont la foi… qui croient que Jésus est le Fils de Dieu… combien croient vraiment en sa présence ?

Le rôle de l’Église est de manifester cette présence du Fils de Dieu… en transmettant sa parole… mais aussi en nous donnant les moyens de le rencontrer dans les Sacrements… dans l’Eucharistie que nous célébrons ce soir.
Le message de l’Avent est donc très actuel !

L’Évangile de ce jour est sur l’attente de sa venue finale… c’est une invitation à être attentif… à être bien disposé… à être prêt.

Vous avez remarqué la petite Parabole qui est dans cet Évangile.
C’est l’histoire d’un homme qui s’attend à un cambriolage… mais, évidemment, il ne sait ni le jour ni l’heure !
Ce serait trop facile… les cambrioleurs ne laissent pas de carte de passage : “Vous étiez absents, nous reviendrons demain entre 8 et 10 h.”

Alors, si on s’attend à un cambriolage, il n’y a qu’une solution… être prêt chaque jour !
Cette Parabole nous dit exactement ce que doit être l’état normal d’un chrétien… être prêt jour après jour pour la rencontre du Christ !
Et être vraiment prêt : c’est désirer cette rencontre… ce qui est le contraire de la peur.

Jésus ne cherche pas à nous faire peur !
Rappelez-vous son insistance sur ce point dans l’Évangile du dernier dimanche du temps ordinaire, il y a 15 jours :
“Ne vous effrayez pas !
Il faut que cela arrive… mais, ne vous effrayez pas.” (Luc 21,9)
“Mettez-vous dans la tête que vous n’avez pas à vous inquiéter.” (Luc 21,14)

Ici non plus Jésus ne veut pas nous faire peur… ce qu’il veut, c’est que nous soyons prêts.
Il y a deux façons de sortir de la peur… par le bas, ou par le haut !
Par le bas… en sombrant dans le péché et en se persuadant que cela n’a pas d’importance… en se disant qu’après tout, ce n’est pas si grave.
Là on n’est pas prêt… c’est plutôt ce qu’on appelle un naufrage !
La mauvaise façon de sortir de la peur… c’est l’insouciance !

Sortir de la peur par le haut, c’est choisir une vie sainte.
C’est le choix que l’Église nous propose… c’est pourquoi nous disons, dans le Credo, que nous croyons en l’Église Sainte.

Dans la 2° lecture, Saint Paul nous appelle à cette vie sainte :
“Rejetons les activités des ténèbres… Conduisons-nous honnêtement… sans ripailles ni beuveries, sans orgies ni débauches, sans dispute ni jalousie, mais revêtez le Seigneur Jésus-Christ.” (Rom 13, 13-14)

Jésus compare son avènement avec le récit biblique du déluge :
“On mangeait, on buvait, on se mariait… on ne se doutait de rien… tel sera l’avènement du Fils de l’homme” (Mt 24,38-39)
C’est un avènement qui surprendra un monde insouciant… de même que la mort surprend, chaque jour, bien des hommes qui n’ont rien fait, au cours de leur vie, pour être prêts.

“Deux hommes seront aux champs : l’un est pris, l’autre laissé.” (Mt 24,40)… L’un est prêt… l’autre non !
“Deux femmes seront au moulin : l’une est prise, l’autre laissée.” (24,41)

“Tenez-vous donc prêts vous-aussi.”… et ce que Jésus appelle “être prêt”, c’est attendre le terme de l’histoire… ou simplement le terme de notre vie qui sera pour chacun de nous, en tout état de cause, le terme de l’histoire : il faut l’attendre avec la plus grande sérénité… ce qui suppose une vie qui soit une attente, aussi fidèle que possible, de cette rencontre.
Saint Jean écrit que “l’amour parfait bannit la crainte.” (I. Jn 4,18)
C’est bien ce que cet Évangile nous demande : une attente qui bannit la crainte.

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