Les béatitudes

4ème dimanche du temps ordinaire de l'année A

Vous et moi, nous côtoyons des hommes et des femmes qui ne parlent pas beaucoup de Dieu… mais quand ils en parlent, c’est toujours avec mauvaise humeur et pour lui faire des reproches.
Ils pensent avoir toutes sortes de droits… et ils estiment que Dieu n’est pas assez à leur service… ils voudraient un Dieu à leur botte… et, finalement, ils vous avouent qu’ils ne croient pas en ce Dieu-là !

La première béatitude est celle des coeurs de pauvre.
Un coeur de pauvre, c’est celui qui sait qu’il a tout reçu de Dieu… tout ce qu’il est et tout ce qu’il a… et donc, il ne pense pas une seconde avoir des droits… il sait qu’il a tout reçu gratuitement et par amour… il ne pense à Dieu que pour le remercier.
Il lui arrive aussi de demander… les pauvres savent tendre la main… mais sans exiger… en ajoutant : “Que ta volonté soit faite.”

On peut définir les coeurs de riches comme ceux qui n’ont pas besoin des autres… et qui, finalement, préfèrent se passer de Dieu.
Mais se passer de Dieu, ce n’est pas seulement une infidélité à l’Evangile, c’est aussi une illusion extraordinaire… c’est une immense ingratitude, et c’est une grande tristesse… le contraire d’une béatitude !
Si Dieu est le Créateur qui nous tient dans l’existence… et qui nous aime comme un Père… comment peut-on vivre en l’ignorant !
On serait comme un fils qui se laisserait combler par ses parents… tout en estimant qu’il ne leur doit rien… qu’il n’a pas à les remercier… et que, finalement, il n’a rien à leur dire !

Au contraire, les “coeurs de pauvres” dont nous parle cet Evangile… savent qu’ils ont tout reçu de Dieu.
Et ceux-là, nous dit Jésus, sont “Bienheureux… car le Royaume des Cieux leur appartient.” Ça, c’est le trésor des cœurs de pauvres.
Leur trésor est totalement sans proportion avec le trésor auquel s’accrochent les “coeurs de riches”… eux qui n’attendent rien de Dieu.
Le trésor qui leur est offert, c’est tout simplement le “Règne de Dieu.”

Les autres béatitudes précisent ce qu’est un coeur de pauvre :

“Bienheureux les doux.”… ce n’est pas un éloge de la lâcheté ou de la faiblesse… il faut beaucoup de force et de maîtrise de soi pour éviter d’être agressif… et pour éviter de faire des différences entre les personnes : pour éviter d’être servile avec les puissants et arrogant avec les faibles.
La douceur que l’Evangile nous demande, c’est d’avoir le même respect pour tout homme… qu’il soit puissant ou faible… d’être le même avec chaque personne.

“Bienheureux ceux qui pleurent : ils seront consolés”… ceux qui connaissent la peine… sans se révolter contre Dieu.
Nous savons qu’il n’y a pas de vie spirituelle profonde sans avoir traversé des difficultés… sans avoir été forgée par les épreuves.
Ceux-là seront consolés, dès cette vie terrestre… parce qu’ils auront appris à s’en remettre à Dieu… et ils seront consolés bien davantage… parce qu’ils sont de plain-pied avec la vie éternelle.

“Bienheureux ceux qui ont faim et soif de justice… c’est-à-dire faim et soif de sainteté.”… parce que la sainteté, ça nous dépasse… ce n’est pas dans nos moyens… ça ne peut être qu’un don de Dieu !
Et Dieu n’a qu’une envie, c’est de nous rassasier de cette vie nouvelle… qui est une communion avec lui.
Il ne nous demande pas d’y parvenir tout seul… il nous demande d’avoir faim et soif de cette vie divine… de ne pas être des tièdes !
Ceux qui ont faim et soif… ceux-là ont de la chance… ils ne seront pas déçus… “ils seront rassasiés.”

“Bienheureux les miséricordieux ”… ceux qui ont de la compassion… qui ne sont pas indifférents aux peines et aux joies des autres.
Qui ne s’enferment pas dans leur coquille d’égoïsme… et dont le coeur se laisse toucher… et qui ne se dépêchent pas de tourner la page quand, par hasard, leur coeur s’est laissé toucher.

“Bienheureux les coeurs purs : ils verront Dieu”… les coeurs qui ne cultivent pas les désirs mauvais… que ce soient les désirs impurs… les désirs de vengeance… les projets malhonnêtes.
Les coeurs qui cultivent la pureté d’intention… qui ne jugent pas.
Il vous est arrivé sûrement de faire des choses sans arrière pensée… et de vous entendre dire : “Oui, oui, tu fais ça pour te faire bien voir… ou pour telle ou telle raison sordide !”… c’est désagréable !

Avoir un coeur pur, c’est cultiver la pureté d’intention dans ses propres comportements… et c’est aussi éviter de prêter gratuitement des intentions mauvaises aux autres quand ils font quelque chose de bien !
Les coeurs purs ont de la chance… ils n’auront pas opacifié leur coeur… ils verront Dieu !

“Bienheureux les artisans de paix : ils seront appelés fils de Dieu.”
Béatitude étonnante… être fils de Dieu… c’est le sommet de tout… c’est devenir fils de Dieu avec le Christ et entrer dans la vie trois personnes divines !
Et ce bonheur, on le voit ici, est particulièrement réservé aux artisans de paix : eux qui font tout, par leur parole et leur action… pour apaiser les tensions… pour aider leur entourage, familial ou professionnel, à se comprendre et à se respecter… pour les amener à se réconcilier.

“Bienheureux les persécutés… les mal-vus… à cause de la justice (c’est-à-dire : à cause de leur droiture).” eux aussi, comme les coeurs de pauvres, “le Royaume des Cieux leur appartient.”
C’est la plus développée des béatitudes.
On pourrait traduire : “Bienheureux les mal-vus à cause de leur fidélité à l’Evangile !”
Ceux qui restent fidèles au Christ… même quand cette fidélité ne leur attire pas de considération… mais éventuellement des difficultés.

Dans un contexte où la foi est bien considérée (une école chrétienne… des parents pratiquants… un milieu où tout le monde est chrétien)… on est encouragé… on est motivé pour rester fidèle à l’Evangile.
C’est bien !… mais quand la pression sociale va dans l’autre sens… il n’y a plus que l’amour du Christ qui peut nous garder fidèles !
Et là, nous dit Jésus, si vous êtes mal vus à cause de moi, vous êtes bienheureux… vous avez beaucoup de chance… votre vie est une réussite… une réussite qui a une dimension éternelle : le Royaume des Cieux vous appartient.

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