Intercession

Frères et sœurs, puisque nous nous sommes retrouvés avant les vacances pour une prière d’intercession, j’aimerais vous dire l’importance de la prière de demande.
Si nous avons l’idée que c’est une forme de prière un peu inavouable et secondaire, c’est que nous avons perdu de vue tout un ensemble de passages de l’Évangile… et que nous gardons l’espoir de nous convertir par nous-mêmes.
Si Jésus, et, après lui saint Paul, n’ont cessé de combattre cette illusion, c’est parce que la prière de demande est un aspect indispensable de tout chemin de conversion.
Il va de soi que la docilité à l’Esprit n’est pas de la passivité.
Être docile à la grâce de Dieu, c’est faire tout ce qui dépend de nous. Relisez la parabole des talents. (Mt 25,14-30)
Si Dieu nous a donné des talents, c’est pour qu’on les mette en œuvre autant que nous le pouvons… mais quand bien même on aurait tout mis en œuvre, on serait encore très loin de la sainteté.
Il n’y a pas de commune mesure entre nos capacités et ce que Dieu a le pouvoir et le projet de réaliser en nous.
La sainteté reste essentiellement l’œuvre de Dieu… il faut donc, à la fois, cultiver ses talents et savoir demander avec un cœur de pauvre.
Celui qui cesse de demander cessera de progresser.
Quant à l’action de grâces, qui est une des formes de l’amour de Dieu, elle est le prolongement de la prière de demande.
Celui qui ne voit pas ce qu’il aurait à demander ne verra pas non plus pourquoi il aurait à rendre grâces.
Sur la persévérance dans la prière, relisez l’histoire de la veuve qui revient sans cesse demander justice auprès du juge, et ne le «lâche pas » tant qu’elle n’a pas reçu ce qu’elle désire. (Lc 18,1-5).
Relisez la parabole de l’homme qui frappe à la porte de son voisin en pleine nuit pour lui demander du pain… et qui insiste avec un culot sans bornes, jusqu’à ce que le voisin se lève et lui donne son pain. (Lc 11,5-8)
Jésus veut nous dire : priez et demandez avec un sans gêne inlassable… et il conclut : « Moi je vous dis : Demandez, on vous donnera ; cherchez, vous trouverez ; frappez, on vous ouvrira. » (Lc 11,9)
Cette promesse ne veut pas dire que Dieu serait au service de tous nos caprices… mais, si Jésus insiste à ce point c’est, en tout cas, pour nous dire la nécessité de la prière de demande.
Cette prière peut et doit être personnelle… mais il importe qu’elle ait également une dimension ecclésiale… ce qui lui donne une force et une qualité uniques.
Pour qu’une prière soit ecclésiale, il suffit qu’elle rassemble, au nom de leur Seigneur, deux ou trois disciples : « Je vous le déclare encore, si deux d’entre vous, sur la terre, se mettent d’accord pour demander quelque chose, cela leur sera donné par mon Père qui est aux cieux. Car, lorsque deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux. » (Mt 18,19-20)
On a souvent cité cette parole à propos de la rencontre du Christ… mais vous voyez qu’elle se rapporte aussi à la dimension ecclésiale de la prière de demande. Demander c’est bien… mais se mettre d’accord pour demander, c’est autre chose !
Bien des réalités de la vie chrétienne ont cette double dimension : à la fois personnelle et ecclésiale.
Les Sacrements, qui sont une rencontre personnelle du Christ, sont en même temps, des réalités ecclésiales : on ne peut les recevoir que dans la communauté : dans l’Église du Christ.
La transmission de la foi également est ecclésiale… elle ne peut se faire sans la soumission aux pasteurs que le Christ a voulus pour son Église (Pape, Évêques, Prêtres, Diacres) et dont il a fait les interprètes de la foi.
Sans la succession apostolique, sans la transmission de la foi dans la catéchèse et dans les familles, sans la rencontre de témoins crédibles, l’Évangile ne nous serait pas parvenu. C’est pourquoi Jésus a voulu et institué son Église : pour qu’elle soit, tout au long de l’histoire, l’instrument par lequel les hommes entendent sa Parole.
Quant à notre prière de demande, il importe également qu’elle soit ecclésiale. On peut prier seul… mais on peut aussi prier avec l’Église… et pour cela, il faut être au moins deux ou trois :
“Si deux d’entre vous, sur la terre, se mettent d’accord pour demander quelque chose, cela leur sera donné par mon Père qui est aux cieux.”
Pourquoi est-il si important de se mettre d’accord, et de prier ainsi les uns pour les autres ?
La prière personnelle et silencieuse est importante… mais elle risque de rester un état d’âme plus ou moins impalpable : elle n’a pas la “réalité” d’une intention et d’une prière partagées avec des frères.
D’autre part, la prière de demande est une prière de pauvre et de malade : “Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin du médecin, mais les malades.” (Mt 9,12)
Demander la guérison de l’Esprit, c’est avoir accepté d’identifier les maladies de notre âme… en particulier, notre difficulté d’aimer.
Le Seigneur nous demande de ne pas détourner les yeux de nos blessures. Lui, elles ne le rebutent pas… il est venu pour les guérir.
Demander la prière de l’Église, ce n’est pas faire une confession publique, c’est reconnaître qu’on désire une guérison… et demander la prière de ses frères pour que l’Esprit nous donne cette guérison. (Mt 18,19)
Que Dieu vous bénisse… qu’il vous donne la guérison de l’Esprit.
JC.P.

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