Le Mystère

On suppose qu’il y avait, à Colosses, des précurseurs de ceux qu’on appellera les “gnostiques” : ils étaient à l’affût de révélations nouvelles, et ils pensaient que l’homme est sauvé par la gnose, c’est-à-dire la connaissance de révélations ésotériques, ou réservées à quelques élus.
Qu’ils ne cherchent pas ailleurs “la plénitude de l’intelligence” : elle réside dans “la connaissance du mystère de Dieu, qui est le Christ : en qui sont cachés tous les trésors de la Sagesse et de la connaissance”, c’est-à-dire de la vraie “gnose”… toute autre révélation serait illusoire. (2,2-4)
Pour saint Paul, il n’y a qu’un mystère : c’est le Christ… mais non pas le Christ tout seul… le mystère, autrefois caché, et maintenant révélé aux croyants, c’est le projet de Dieu de les unir ou de les incorporer au Christ.
“Dieu a voulu leur faire connaître quelles sont les richesses et la gloire de ce mystère parmi les païens :le Christ au milieu de vous: promesse de la gloire.” (Col. 1,26-27)
A la différence des révélations de l’Ancien Testament, cette révélation de la présence du Christ n’est pas réservée aux fils d’Israël… elle est faite aux païens, c’est-à-dire à tous les hommes.
C’est la grande nouveauté du Nouveau Testament : c’est le mystère, c’est-à-dire la révélation par excellence de Dieu aux hommes.
Le mot “mystère”, dans le Nouveau Testament, ne désigne jamais une chose inconnaissable. C’est une vérité cachée à certains, ou à certaines époques… mais désormais révélée.
Ce terme est parfois employé au pluriel, mais, dans les épîtres aux Éphésiens et aux Colossiens, saint Paul parle du mystère au singulier : celui qui résume tout le projet de Dieu.
Les hommes de toutes les nations païennes (c’est-à-dire nous) sont appelés à devenir un seul corps avec le Christ :
“Ce mystère, Dieu ne l’a pas fait connaître aux hommes des générations passées, comme il vient de le révéler maintenant, dans l’Esprit, à ses saints Apôtres et prophètes : les païens sont admis au même héritage, membres du même corps, associés à la même promesse, en Jésus Christ, par le moyen de l’Évangile.” (Éph. 3,6)
Ce que l’hymne de cette lettre formulait en terme de “récapitulation” : “Il nous a fait connaître le mystère de sa volonté, le dessein bienveillant qu’il a d’avance arrêté en lui-même … : récapituler toutes choses dans le Christ.” (Éph. 1,9-10)
Une telle révélation ne peut pas nous laisser indifférents… à moins d’avoir un cœur de pierre.
Il y a, dans les lettres de Paul, des perles qui enrichiront votre adoration et votre prière de louange.
Une autre perle est la révélation de l’Église plénitude du Christ.
Le Christ est “la tête de l’Église, qui est son corps : la plénitude de Celui qui remplit tout en tous.” (Éph. 1,22-23)
Dire que l’Église est la “plénitude” du Christ, cela laisse entendre que Jésus, sans l’Église, ne serait pas la plénitude du Christ !
Il est évident que l’Église n’apporte rien au Christ : c’est en lui que réside la “plénitude de la divinité” (Col. 1,19) et c’est de lui qu’elle reçoit cette plénitude, puisqu’il est “celui qui remplit tout en tous”. (1,23)
Reste que la plénitude du Christ, c’est le Christ avec l’Église : avec nous.
Si le Fils de Dieu s’est fait homme, c’est pour que nous soyons unis à lui : pour que l’Église ne fasse plus qu’un avec lui. La plénitude du Christ, ce n’est donc pas Jésus tout seul, c’est Jésus avec son Église… c’est pour cela qu’il s’est fait homme : pour nous sauver et nous unir à lui.
On a déjà rencontré ce message dans la lettre aux Colossiens :
Le Fils est la tête du corps qui est l’Église … car il a plu à Dieu de faire habiter en lui toute la Plénitude, et de tout réconcilier par lui et pour lui sur la terre et dans les cieux.” (Col. 1,15-20)
Vous voyez comment chacun de nous contribue pour sa part à la plénitude du Christ… Quel cadeau !
Sans l’Église, l’incarnation aurait été inachevée, ou plutôt, sans raison d’être. L’incarnation trouve son achèvement ou son accomplissement dans l’Église, qui est le Christ total ou la plénitude du Christ.
Si ces textes nous invitent à l’adoration et à la louange, c’est parce qu’ils nous rappellent qui est celui qui s’est fait proche des hommes et que nous rencontrons dans l’Eucharistie.
Ils nous invitent à rendre grâces pour notre appartenance à l’Église : pour l’immensité et la gratuité d’un tel don, qui est la manifestation terrestre de notre entrée dans la communion des personnes divines.
Que le Seigneur vous bénisse, vous qui avez été choisis pour l’aimer et le servir.
JC.P.

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