Conversion

Frères et sœurs, vous avez sans doute remarqué que, dans l’Évangile, Jésus n’invente pas de pénitences dans le seul but de se faire souffrir… et donc l’idée qu’on fait plaisir à Dieu en se faisant du mal, est une idée qui ne peut pas s’appuyer sur le Nouveau Testament.
N’en concluez surtout pas que Jésus s’est dispensé de tout effort et de tout renoncement, et qu’il en a dispensé ses disciples.
Il a aimé jusqu’à donner sa vie… et il invite ses disciples à le suivre sur le même chemin.
Se faire serviteur… accueillir ceux qui ont besoin d’être écoutés… visiter les malades et les isolés… être patient et disponible… ce n’est pas un chemin de facilité.
Donner la priorité à l’amour, c’est choisir la “porte étroite” : celle qui conduit au salut… par opposition à la “porte largement ouverte” qui conduit à notre perte.
“Tout ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le vous-mêmes pour eux :c’est la Loi et les Prophètes. Entrez par la porte étroite. Large est la porte et spacieux le chemin qui mène à la perdition, et nombreux ceux qui s’y engagent. Mais étroite est la porte et resserré le chemin qui mène à la vie, et peu nombreux ceux qui le trouvent.” (Mt 7,12-14)
Jésus dit encore : “Il ne suffit pas de me dire : Seigneur, Seigneur … pour entrer dans le Royaume des cieux ; il faut faire la volonté de mon Père qui est aux cieux.” (Mt 7,21)
Voilà son enseignement : ce n’est pas une invitation à la négligence, mais une invitation à mettre en pratique son Évangile.
Cependant, vous pouvez le voir, Jésus ne dit pas que la souffrance donne le salut… c’est l’amour qui donne le salut. C’est le commandement qui résume toutes les exigences de l’Évangile :
Un scribe s’avança vers Jésus pour lui demander :“Quel est le premier de tous les commandements ?” Jésus lui fit cette réponse : “Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, de tout ton esprit et de toutes ta force”. Et voici le second :“Tu aimeras ton prochain comme toi-même.” (Mc 12,28-31)
La fidélité à l’Évangile et aux commandements, n’est pas facile… et elle nécessite des renoncements. Aimer n’est pas toujours facile… cela peut être un sacrifice de soi.
Jésus allait de village en village et disait : “Convertissez-vous !”
Dans le Nouveau Testament, le mot grec métanoia est parfois traduit par le mot “pénitence”, parfois par le mot “conversion”.
En fait, strictement, il veut dire “conversion”, plutôt que “pénitence”. C’est pourquoi, dans les traductions modernes du Nouveau Testament (comme par exemple la T.O.B.), vous ne trouverez pas le mot “pénitence”.
Ce qui fait plaisir à Dieu, ce n’est pas de nous voir souffrir… c’est de voir notre amour.
Et sur ce point, saint Paul ne dit pas autre chose que Jésus :
“J’aurais beau me faire brûler vif, s’il me manque l’amour, cela ne sert à rien.” (I Cor. 13,3)
Saint Paul choisit un exemple extrême : pour nous dire que, même une telle souffrance, si elle devait exister sans l’amour, n’aurait aucun pouvoir de donner le salut.
Autrement dit, les renoncements les plus importants ne sont pas ceux qui font le plus mal, mais ceux qui permettent une plus grande fidélité à l’Évangile, et en particulier aux deux premiers commandements.
Tout cela pour vous dire que si vous êtes prêts à faire des efforts pour ce temps de l’Avent, vous n’avez pas à chercher très loin… contentez-vous de mettre en pratique avec fidélité les exigences de notre règle de vie, qui sont des exigences de l’amour.
Contentez-vous d’être fidèles à l’adoration, même si cela vous semble difficile… parce que c’est notre façon d’aimer Dieu par dessus tout.
Jésus n’inventait pas de pénitences, mais au milieu de la nuit, il se levait et se retirait dans la campagne pour prier son Père.
C’est dans l’Évangile de saint Marc : “Au matin, à la nuit noire, Jésus se leva, sortit et s’en alla dans un lieu désert, et là, il priait.” (Mc 1,35)
Contentez-vous de vous faire serviteurs de votre entourage… et, pour ne pas vous disperser, de quelqu’un en particulier dans cet entourage.
C’est notre façon d’être missionnaires… et donc d’aimer nos frères puisque nous avons l’espérance de les amener, de cette façon, à faire la rencontre du Christ.
Si vous avez passé la semaine sans avoir été serviteur de qui que ce soit, ne cherchez pas ailleurs un effort compliqué.
Que Dieu vous bénisse.
JC.P.

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