Evangelii nuntiandi - 11

Frères et sœurs, après la rupture des vacances, la lettre de Paul VI nous invite à revenir à l’essentiel, c’est-à-dire au plus grand cadeau que nous puissions faire à nos frères les hommes : les conduire à la rencontre du Seigneur Jésus.
Le chapitre 5 nous parle des destinataires de l’évangélisation.

49. Les dernières paroles de Jésus dans l’Évangile de Marc confèrent à l’évangélisation, dont le Seigneur charge les Apôtres, une universalité sans frontières : « Allez par le monde entier, proclamez l’Évangile à toutes les créatures ». (Mc 16,15)

L’Église, quelles que soient les persécutions et les difficultés, n’a jamais accepté de limites au domaine de l’évangélisation, même si la tentation existe de ne pas être fidèle à ces paroles du Christ : des paroles qui constituent son dernier message à ses disciples.

50. Il y a, d’un côté, de la part des évangélisateurs eux-mêmes, la tentation de rétrécir sous différents prétextes leur champ d’action missionnaire. Il y a, d’autre part, les résistances souvent humainement insurmontables de ceux à qui s’adresse l’évangélisateur.

Il nous est tous arrivé de considérer telle ou telle personne comme inapte à être évangélisée et de l’écarter de notre oikos.
Nous savons bien qu’il s’agit d’une « tentation ».
Il ne nous appartient pas de juger qui que ce soit comme inapte.
Il n’est pas question de harceler une personne réticente. On sait bien qu’évangéliser, c’est proposer l’Évangile et laisser libre. En tout cas, les dernières paroles du Christ signifient qu’il n’existe aucune catégorie de personne à laquelle on ne puisse proposer la Bonne Nouvelle du Seigneur :

[C’est] un appel à ne pas emprisonner l’annonce évangélique en la limitant à un secteur de l’humanité, ou à une classe d’hommes ou à un seul type de culture.

Nous ne devons pas nous interdire de proposer l’Évangile à des personnes appartenant à des religions non chrétiennes. C’est ce qu’ont fait tous les missionnaires depuis saint Paul et les premiers Apôtres. S’ils ne l’avaient pas fait, l’Église n’existerait pas. Et s’ils l’ont fait, c’est parce qu’ils ont entendu la parole de Jésus : « Proclamez l’Évangile à toutes les créatures ».

53. [L’annonce de l’Évangile] s’adresse aussi à d’immenses portions d’humanité qui pratiquent des religions non chrétiennes que l’Église respecte et estime, car elles sont l’expression vivante de l’âme de vastes groupes humains. Elles portent en elles l’écho de millénaires de recherche de Dieu, recherche incomplète mais réalisée souvent avec sincérité et droiture de cœur. Elles possèdent un patrimoine impressionnant de textes profondément religieux. Elles ont appris à des générations de personnes à prier
Nous voulons relever surtout aujourd’hui que ni le respect et l’estime envers ces religions, ni la complexité des questions soulevées, ne sont pour l’Église une invitation à taire devant les non-chrétiens l’annonce de Jésus-Christ.

Si l’Église leur annonce l’Évangile, ce n’est pas parce qu’elle méprise leur croyance. On peut considérer les religions non révélées comme les plus belles réalisations de l’humanité. Elles représentent les efforts des hommes qui ont cherché Dieu comme ils le pouvaient. Aucune autre entreprise humaine n’est plus belle.
Mais la révélation biblique est beaucoup plus qu’un effort de l’homme : c’est Dieu qui vient à nous et nous dit le chemin pour le rencontrer.
Dans chaque Sacrement celui qui a la foi a la certitude de faire la rencontre du Christ. Un tel trésor ne doit être refusé à personne :

Au contraire, l’Église pense que ces multitudes ont le droit de connaître la richesse du mystère du Christ dans laquelle nous croyons que toute l’humanité peut trouver, dans une plénitude insoupçonnable, tout ce qu’elle cherche à tâtons au sujet de Dieu, de l’homme et de son destin, de la vie et de la mort, de la vérité.

La plupart d’entre nous ont le souvenir d’une époque où, même parmi les chrétiens, les initiatives d’évangélisation étaient suspectes : on les qualifiait de « prosélytisme » : un terme supposé avoir un sens péjoratif.
Vous pouvez voir à quel point le message de Paul VI, et des évêques rassemblés autour de lui dans ce synode, était prophétique.
Cette lettre écrite en 1975 annonce ce qu’on appellera bientôt la « nouvelle évangélisation », qui n’est pas l’annonce d’un nouvel Évangile, mais la renaissance de l’esprit missionnaire.
Une évangélisation qui n’est plus réservée à des missionnaires professionnels ou à des spécialistes, mais à tous les confirmés.
Les confirmés sont mieux que des spécialistes : ils ont reçu tous les dons de l’Esprit nécessaires pour être des témoins et des apôtres.
Il va de soi que les missionnaires (prêtres ou religieuses) qui partent à l’autre bout du monde ont aussi la grâce de la Confirmation.
Mais la nouveauté de la « nouvelle évangélisation », c’est la prise de conscience que tous les confirmés doivent évangéliser. Ce qui aurait dû être évident depuis toujours.
Et ce chapitre ajoute que tous les hommes sont évangélisables.
Vous voyez à quel point cette lettre nous concerne.

Que le Seigneur bénisse votre mission… qu’il vous donne de mettre en œuvre les charismes reçus de votre Confirmation.

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