Les invitées imprévoyantes (lire : Mt 25,1-13)

On a ici une Parabole dans toute sa pureté : où chaque détail doit être interprété en fonction de l’idée unique qu’elle veut illustrer.
Si on la lit trop vite, ces détails nous surprennent : l’époux, qui représente le Christ, n’est pas particulièrement sympathique. On lui dit : « Seigneur, Seigneur, ouvre-nous », et il répond : « Je ne vous connais pas ! »
Quant aux cinq jeunes filles prévoyantes, elles ont leur petite réserve d’huile, et n’ont aucune envie de rendre service ni de prendre des risques.
Elles ne partagent pas, mais elles donnent de bons conseils !
En résumé : cinq petites pestes prévoyantes et organisées se font inviter à une soirée… et cinq petites étourdies se font mettre dehors par un jeune marié plutôt mal élevé et très à cheval sur les horaires !
En fait, ce n’est pas une parabole sur la charité, mais sur la prévoyance !
Les jeunes filles avec leur réserves d’huile… qui ont passé leur soirée à surveiller leur lampe et à remettre de l’huile… sont un exemple de prévoyance… mais pas de charité, ni de partage, ni de serviabilité.
Ce n’est pas une parabole sur les sentiments que les chrétiens doivent avoir entre eux… ni sur les sentiments du Christ envers les hommes !
La perdition, ce n’est pas le Christ qui nous claque la porte au nez… c’est précisément l’aboutissement de nos choix quotidiens tout au long de cette vie terrestre, qui peuvent nous condamner et nous séparer de lui.
Cette Parabole dit que nos choix maintenant doivent être ceux que nous ferions si notre vie devait s’arrêter dans un instant : “Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure”.
Si l’époux avait été conciliant… s’il avait dit : “Bon, allez, entrez quand même” … et si les jeunes filles prévoyantes avaient partagé leur huile… cela aurait été une belle histoire… mais pas une parabole pour dire qu’il faut se préparer maintenant, et qu’après, il sera trop tard !
Dans cette histoire, deux groupes d’amies sont donc invités à une soirée.
Elles ne savaient pas exactement à quelle heure il fallait venir… mais, ne voulant surtout pas manquer cette soirée, elles sont arrivées en avance.
La comparaison ne porte pas entre un groupe de jeunes filles sérieuses et un groupe qui se fiche de tout ! Toutes avaient très envie d’être invitées, toutes sont arrivées en avance, toutes avaient préparé leurs affaires et aucune n’avait oublié de prendre une lampe.
La seule petite différence… c’est que le premier groupe n’avait pas pensé à emporter, en plus, une réserve d’huile !
Être chrétien c’est bien, être fidèle à l’Évangile maintenant, c’est bien… mais, s’est-on préparé à rester fidèle dans d’autres situations… dans des situations qui n’entrent pas dans nos projets actuels ?
Là est le “plus” que cette parabole nous demande de prévoir !
Il y a des périodes de notre vie où il est relativement facile de vivre en chrétien… et on risque d’oublier que pour rester fidèle il y aura des moments où il faudra faire des choix difficiles et des sacrifices.
Sommes-nous disposés à rester fidèles au Christ à n’importe quel prix ?
Si, dans les périodes faciles, on se contente d’une vie chrétienne relativement médiocre… notre foi ne sera pas prête à affronter les difficultés !
Si on se contente de faire le minimum… juste ce qu’il faut pour ne pas être dans le péché… mais en restant sans ferveur… on sera fragiles !
Les jeunes filles qu’on qualifie parfois d’ “insensées”, semblaient avoir tout ce qu’il leur fallait… elles étaient prêtes, elles étaient au bon endroit, elles avaient leurs lampes… mais elles n’étaient pas prêtes à faire face à une situation nouvelle… lorsqu’est arrivé l’imprévu, elles ont été désarmées.
Elles avaient fait le minimum, mais elles n’avaient pas de réserve !
La petite lumière de la foi, c’est bien, mais il faut aussi la ferveur de l’amour.
On n’imagine pas que l’engagement du mariage peut être, dans certains cas, un appel de Dieu à la chasteté parfaite ou au célibat… dans le cas où l’un des conjoints est gravement malade, ou s’il se sépare.
Il y aura peut-être des situations, dans notre existence, où le choix qui nous sera demandé ne sera pas entre une grande fidélité et une fidélité moyenne… mais où le seul choix sera entre une fidélité héroïque et l’infidélité à nos promesses, à nos devoirs, et à notre foi.
Si nous avons de longues périodes de vie heureuse… ce n’est pas pour nous assoupir dans la tiédeur… mais pour nourrir une plus grande ferveur… dans la prière et la pratique des Sacrements… dans le partage, l’accueil fraternel et le service de l’évangélisation.
C’est là seulement que nous faisons ces réserves d’huile pour nos lampes en vue de rester totalement fidèles… quel que soit le type de fidélité que les circonstances de la vie pourront exiger.
Rester fidèles dans des circonstances totalement étrangères à nos projets, c’est ce qui différencie les jeunes filles prévoyantes et les autres.
En lisant la description des cinq jeunes filles imprévoyantes… on se dit : “Ça c’est bien vu… ça c’est bien les jeunes qui ne prévoient rien !”
Et on a raison… Jésus a bien choisi son exemple pour qu’il soit réaliste !
Mais attention ! Ces jeunes qui ne prévoient rien, c’est chacun de nous !
Bien sûr, quand on est invité à une soirée, on vérifie qu’on a fait le plein !
Mais à côté de cela… est-ce qu’on prend le temps de se demander ce qu’on est en train de faire de sa vie ?
Est-ce que les choix que nous faisons, ce sont les choix que nous ferions si nous devions paraître devant Dieu tout à l’heure ?
Dire : “je vais prévoir, un jour”, ce n’est pas prévoir !
Noter également que les personnages qui représentent chacun d’entre nous, ne sont pas des clients, mais des invités : ils n’ont aucun droit. On leur offre un festin, et ils ne sont pas fichus d’être prêts !
Frères et sœurs, que le Seigneur vous bénisse.
JC.P.

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