Les récits de la création

Les deux récits de la création (Gn. 1,1-2,4 & Gn. 2,4-25).
Ces deux récits, achevés plus d’un siècle avant Platon et Aristote, contiennent une révélation, sur Dieu et sur notre condition de créature, qui n’a pas d’équivalent dans la pensée occidentale.
Mais ce qui nous déroute, c’est qu’ils sont écrits dans un langage imagé, emprunté en partie aux mythes de l’Orient ancien, et qu’ils sont associés à des “cosmologies” (des représentations de l’univers) de cette époque.
Ces deux récits ont été remaniés plusieurs fois jusqu’à leur rédaction finale (au 5ème siècle avant J.C.) à l’époque où les juifs sont revenus à Jérusalem après leur déportation à Babylone.

Le plus ancien est le chapitre deux. Il avait été écrit avant l’Exil à Babylone (avant le 6ème siècle). Sa “cosmologie” est celle des nomades, qui se représentent le monde comme un désert. Dans ce désert, l’homme est créé en premier… ensuite Dieu crée une oasis (le jardin d’Eden) pour y mettre l’homme… après cela, il crée les animaux… et enfin la femme.

Le chapitre premier a été écrit pendant l’Exil à Babylone (au 6ème siècle avant J.C.) par des membres de la tribu sacerdotale. Ces auteurs connaissaient le récit du chapitre 2, mais ils l’ont adapté à la mentalité nouvelle en s’inspirant de la “cosmologie” des babyloniens, qui se représentent l’espace comme un univers aquatique, avec de l’eau au dessus du “firmament” (qu’ils imaginent comme une voûte solide : une sorte de cloche de plongée).
Ces auteurs n’hésitent pas à changer l’ordre de la création : à la différence de l’ancien récit, ils supposent que l’homme et la femme sont créés ensemble, après les plantes et les animaux.

Quant au rédacteur final, au 5ème siècle, il n’a pas eu peur de mettre à la suite ces deux récits, qui seraient incompatibles si on les comprenait littéralement… ce qui indique clairement qu’on ne doit pas prendre à la lettre leur “cosmologie”, mais chercher leur signification commune. Cela montre d’une façon évidente que la révélation ne porte pas sur la représentation du monde de ces auteurs anciens… et nous autorise à préférer une autre cosmologie (de type évolutionniste) sans que cela mette en question la révélation de Dieu créateur.

La philosophie occidentale a toujours hésité entre un Dieu transcendant (et inaccessible)… et un Dieu qui serait l’âme du monde (c’est le panthéisme, où Dieu se confond avec l’univers).
Elle n’a pas vu que la réponse était dans la Bible. Dieu est à la fois transcendant (tout autre) puisqu’il est le créateur de tout l’univers… et très proche, parce que partout où quelque chose existe, Dieu est là.

C’est le message que Paul a essayé de communiquer aux philosophes d’Athènes… et qu’ils n’ont pas compris :

“Le Dieu qui a fait le monde et tout ce qu’il contient, c’est lui qui est le Seigneur du ciel et de la terre… Il n’a besoin de rien, lui qui donne à tous la vie, le souffle, et tout le reste… Il a fait les hommes pour qu’ils cherchent Dieu : pour qu’ils essayent d’entrer en contact avec lui et de le trouver. Lui, en vérité, n’est pas loin de chacun de nous. Car c’est en lui que nous trouvons le pouvoir de vivre, d’agir et d’exister.” (Actes des Apôtres, 17,24-28)

Dans le monde polythéiste qui entourait les fils d’Israël, l’idée d’un Dieu unique et Créateur de tout ce qui existe était une nouveauté radicale.
Les deux récits de la Genèse, chacun à leur manière, font une liste de toutes les réalités de l’univers : ce qui est une façon de dire que Dieu est le créateur de toute réalité.
D’autre part, ces réalités étaient souvent divinisées dans les civilisations anciennes… l’énumération biblique veut réduire chacune d’elles à sa dimension de créature de Dieu… y compris le Soleil et la Lune (qui étaient des dieux majeurs) : ils sont qualifiés de “grand luminaire” et de “petit luminaire”, et donc réduits à l’état d’objets !
Yahvé seul est Dieu, il est éternel et transcendant… et tout le reste est créé par lui.
“Dieu dit que la lumière soit, et la lumière fut” : il n’a qu’un mot à dire pour faire exister chaque réalité de cet univers… il est le Tout Puissant.

Dieu ne dépend de rien… il est l’Origine de tout.
Quant à nous, par tout notre être, nous dépendons de lui. Tout ce que nous sommes et tout ce que nous avons, nous le recevons de lui.
Il nous tient dans sa main par amour… il aime sa création : “Il vit que cela était bon”… et en particulier ces êtres qu’il a créés “à son image”… c’est à leur sujet uniquement qu’il est dit : “Il vit que cela était très bon.”

Frères et sœurs, après cette courte introduction, prenez le temps de lire ces deux chapitres… et surtout de rendre grâces à ce Dieu qui, dans sa tendresse, à chaque seconde, nous tient dans l’existence.
Qu’il vous bénisse et vous donne de répondre à son amour.

JCP

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