Serviteurs de la Parole

Frères et sœurs, à propos de la mission, il va de soi que le but premier de nos cellules n’est pas de se multiplier… en tout cas, pas au détriment du respect des personnes et de leur vocation propre.
Il va de soi également qu’elles ont porté du fruit au cours de ces années, en étant d’abord un lieu d’évangélisation pour chacun d’entre nous… en tout cas, elles l’ont été pour moi.
C’est un des objectifs des “Communautés ecclésiales de base” : être un lieu où l’on s’évangélise les uns les autres, avant de porter cette Bonne Nouvelle à l’extérieur. (Ev. nunt. 58)
Aucun mouvement, dans l’Église, n’est indispensable… et celui-ci n’a d’autre but que de servir l’Église du Christ.
Il n’est donc pas une fin en soi, mais un service.
On n’évangélise qu’en se faisant serviteur… et ce qui est vrai de notre spiritualité personnelle doit être vrai des Cellules dans leur ensemble.
Les périodes où nous avons le sentiment de peu nous développer sont, sans doute, indispensables… elles nous rappellent la nécessité de nous en remettre à la volonté de Dieu.
Le développement des Cellules n’est pas notre affaire mais la sienne.
C’est une attitude qui vaut pour l’ensemble de notre mission et de nos activités au service de l’Évangile.
On fait tout ce qui dépend de nous… mais en prenant garde de nous approprier les grâces venues de Dieu au travers de notre ministère ou de notre témoignage.
S’il est une chose que nous devons nous approprier, ce sont les paroles que nous disons chaque jour dans le “Notre Père” : “Que ta volonté soit faite”… pour que ces paroles deviennent véritablement notre prière.
La tentation de nous approprier les dons de Dieu risque de stériliser notre progrès spirituel et notre ministère auprès des autres.
Jésus propose une petite parabole pour nous dire que rien de ce que nous pouvons faire ne nous donne de droits sur Dieu (Luc 17,7-10).
Il pose cette question : “Dans la vie courante (de son époque) un maître a-t-il de la reconnaissance envers son serviteur (son esclave) parce qu’il a fait ce qui lui était ordonné ?” (7,9) Certainement pas !
“De même, vous aussi, quand vous aurez fait tout ce que Dieu vous a commandé, dites-vous : Nous sommes des serviteurs inutiles (ou quelconques), nous n’avons fait que notre devoir.” (7,10)
Il faut comprendre “serviteur inutile” au sens d’un serviteur qui n’a pas acquis de droits sur Dieu, et n’attend pas de remerciements (7,9).
Celui qui se sanctifie et rayonne sa foi, reçoit bien plus qu’il ne donne… c’est lui qui est bienheureux (Luc 11,28)… il accomplit sa vocation de fils de Dieu et parvient au salut… il ne peut que rendre grâces… et, en aucun cas, il ne peut supposer qu’il a des droits !
Notez cependant que le serviteur de la parabole ne se contente pas de ne rien faire… avant de dire “Je suis un serviteur inutile”, il a fait tout ce qui dépendait de lui. C’est aussi le message de la parabole des talents (Mt 25).
On peut considérer deux écueils. Le plus grossier consiste à ne rien faire et à laisser en sommeil la grâce de notre Confirmation.
L’autre écueil, dont on prend conscience quand on commence à devenir Apôtre, consiste à s’approprier les grâces ou les dons que Dieu fait, à nous-mêmes, et aux autres à travers nous !
La seule voie qui évite ces deux écueils consiste à faire tout ce qui dépend de nous au service du Christ et de nos frères… et cela, en restant totalement serviteurs ! 
Il faut à la fois se défoncer… tout en gardant un certain détachement par rapport aux résultats… et pouvoir dire à Dieu : “C’est ton affaire !”
Ce n’est pas une attitude spontanée : donner le meilleur de soi-même, tout en disant et en pensant : “Que ta volonté soit faite.”
C’est dans cet esprit que je vous invitais la semaine dernière à penser au développement des Cellules.
Si l’appartenance à de telles communautés a été bonne pour nous, elle devrait l’être également pour d’autres.
Accueillir de nouveaux membres, c’est aussi une façon d’évangéliser.
C’est également être prêt à des déceptions… parce que les voies de Dieu ne sont pas toujours exactement les nôtres.
Et il est vrai que notre peur d’inviter de nouveaux membres est quelquefois une peur de rencontrer des refus et de connaître des déceptions.
C’est l’occasion de se rappeler qu’évangéliser ce n’est pas imposer, mais proposer le chemin de Dieu. (Ev. nunt. 80)
Ce qui nous est demandé, c’est de le proposer, à la fois, avec ardeur et avec un certain détachement… pouvoir dire : “Seigneur, tu le vois, j’ai fait tout ce que je pouvais… mais que ta volonté soit faite.”
Frères et sœurs dans le Christ, que Dieu vous bénisse.
JC.P.

Retour aux archives