“Jésus priait à l’écart” (Luc 9,18) - 1

Frères et soeurs, vous m'avez demandé de vous parler de la prière.
Mon expérience personnelle n'ayant rien d'exceptionnel, je m'appuierai d'abord sur les textes du Nouveau Testament… ce qui aura l'avantage de vous donner des fondements solides et indiscutables.

J'aimerais vous citer aujourd'hui quelques passages sur la prière de Jésus.
On a parfois le sentiment que Jésus, étant le Fils de Dieu, n'avait pas besoin de prier ! Ce serait se faire une idée bien étrange de la prière.
Si la prière est un temps d'intimité aimante avec le Père, personne ne pouvait avoir, autant que Jésus de Nazareth, le désir de prier.

Le premier texte est au début de l'Evangile de Saint Marc.
Jésus vient de quitter son village de Nazareth (Mc 1,9) et d'entrer, avec ses premiers disciples (Mc 1,16-20) dans Capharnaüm (Mc 1,21), où il s'installe, semble-t-il, dans la maison de Pierre et d'André (Mc 1,29).
Et là, surprise ! Voilà que dès le lendemain matin, Jésus a disparu :
“Au matin, à la nuit noire, Jésus se leva, sortit et s'en alla dans un lieu désert; là, il priait. Simon se mit à sa recherche, ainsi que ses compagnons, et ils le trouvèrent. Ils lui disent : «Tout le monde te cherche».” (Mc 1,35-37)

On a l'impression que les disciples sont à moitié contents… ils ne comprennent pas ce que Jésus peut faire tout seul, en pleine nuit dans les collines arides qui surplombent la petite ville de Capharnaüm.
“Il priait.”

Il priait le matin, avant que tout le monde se lève… ou parfois il priait tard dans la soirée : “Après avoir renvoyé les foules, il monta dans la montagne pour prier à l'écart. Le soir venu, il était là, seul.” (Mt 14,23)

Saint Luc nous dit simplement : “Il était en prière à l'écart.” (Luc 9,18)

On peut imaginer que cette prière était pour lui un grand bonheur.
Et vous-mêmes, pour la plupart, vous avez fait cette expérience, dans l'adoration eucharistique, ou d'autres formes de prière.

Mais, il vous est arrivé également de faire l'expérience de la difficulté de la prière.
En vérité, il est impossible de persévérer dans la prière sans traverser ce genre de tentation ou d'épreuve.
Pour le Fils de Dieu, non plus, la prière n'a pas toujours été vécue comme un moment de bonheur.
“Il priait, disant : «Père, si tu veux, écarte de moi cette coupe… Pourtant, que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne».”
(Luc 22,41-42)

On voit, dans cet épisode du Jardin des Oliviers, que la prière n'a été facile ni pour Jésus ni pour ses disciples… il leur dit :
“Vous n'avez pas pu veiller une heure avec moi.” (Mt 26,40)

Prier, c'est vraiment veiller avec le Christ… cela peut être une joie… et cela peut être une épreuve.
Mais vous savez ce qu'est l'amour.
L'amour véritable ne consiste pas à aimer uniquement lorsque c'est facile. Vous aimez vos enfants, que ce soit facile ou non.
D'ailleurs, en choisissant de vous joindre aux cellules d'évangélisation, vous n'avez jamais pensé choisir une solution de facilité.
Vous faisiez un choix heureux… puisque Jésus nous dit : “Bienheureux ceux qui ont faim et soif de sainteté, ils seront rassasiés” (Mt 5,6)… mais pas un choix facile !

Et même si nous n'avons pas connu des épreuves comparables à celles de Thérèse de Lisieux… même lorsque nous savons que cette prière sera un moment de bonheur, nous avons du mal à “entrer dans la prière”.
Même lorsque nos premières expériences de prière ou d'adoration ont été heureuses, un moment vient où cette démarche est de plus en plus difficile.

Nous avons le plus grand mal à arrêter nos activités… qui nous semblent tout à coup absolument indispensables… alors même qu'on vient de passer une partie de la journée à faire mille choses sans aucun rapport avec cette activité soi-disant indispensable.

Que Dieu vous bénisse, lui qui n'est que tendresse… qu'il vous fasse aimer la prière chaque jour davantage.

JCP

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